I.Ce qui est pur, ce qui est impur
II.Les situations où il convient d’enlever l’impureté
Dans la publication précédente, nous avions évoqué les différents types d’eaux. On a pu constater que l’eau altérée par un corps pur ou par une impureté ne peut servir pour les actes rituels. Mais alors, quelles sont les choses qui recouvrent le statut de pureté et d’impureté de sorte à ce que nous soyons à même de les distinguer ?
1- Toute chose vivante est pure : cette règle englobe un grand nombre d’éléments purs. L’être humain, les animaux – quand bien même leur consommation serait interdite – sont purs en soi. Et on accorde le même statut à leur bave, leur mucosité, leur sueur, leur larme. Quand bien même la bave d’un animal viendrait à couler sur un vêtement par exemple, il ne se trouverait point souillé par cela.
2- Les excréments de ce qu’il est licite de consommer : c'est-à-dire leurs urines et leurs déjections. Ainsi, concernant l’animal licite à la consommation - comme le mouton par exemple - ses déjections sont pures et non impures, dès lors qu’il se nourrit de choses pures. S’il fait partie de ce qui se nourrit d’impuretés, alors ses déjections sont impuretés, et ce tant que le doute persiste quant au fait que l’animal consomme des impuretés.
3- Les choses inertes non enivrantes : ce qui est voulu ici c’est ce qui est autre que les animaux. On y intègre l’ensemble des composantes du sol et ce qui en pousse parmi les choses inertes. Les liquides comme l’huile, le vinaigre et ce qui est semblable à cela également. Il en est de même des drogues comme le haschich ou ce qui est du même ordre, bien que leur consommation soit illicite.
4- Le vomi qui n’a pas quitté l’apparence d’un aliment : par l’effet de l’acide gastrique, ni n’a vu son odeur changer. Il en est de même pour le reflux gastrique (al-qalas) qui est ce que rejette l’estomac lorsqu’il est trop plein. Son acide n’a pas d’impact en vertu de son caractère à la fois léger et récurrent.
5- Le sang qui ne s’est pas répandu : le sang répandu est celui qui s’écoule lors de l’immolation des animaux ou lors d’une blessure. Le sang non-répandu est celui qui demeure dans les veines et fait partie de la viande, celui-ci est pur.
6- L’être humain défunt : même s’il était mécréant.
7- Le cadavre de ce qui « n’a pas de sang » ainsi que ce qui vit dans l’eau : on désigne par « ce qui n’a pas de sang » les sauterelles et les insectes, leurs cadavres sont purs. De même pour les cadavres d’animaux marins.
8- Ce qui a fait l’objet d’une immolation parmi les animaux licites ou même déconseillés à la consommation : on considère également le caractère pur de ses composantes comme la viande, les os, la peau, la vésicule biliaire, etc.
9- Les cheveux, les poils, la laine, la barbe des plumes, et ce même d’un mort, fut-ce d’un porc. Quant à la racine du poil ancrée dans la chaire, son statut suit celui de la peau.
1- Le cadavre : de tout animal qui a du sang qui coule. Son cadavre est impur de même que ses composantes. On y intègre aussi ce qu’il est illicite de consommer parmi les animaux, comme le porc ou le cheval, même s’il a été immolé, car l’immolation (al-dhakâh) ne sert à rien quand il s’agit de ce qui est illicite à la consommation.
2- Quant à ce qui sort du cadavre après sa mort sans qu’il n’y ait eu d’immolation, c’est également impur, tel que l’urine, la bave, le mucus, le lait, etc.
3- Ce qui sort des orifices avant et arrière, que cela vienne d’un être humain - petit ou grand, homme ou femme - ou bien d’un animal interdit à la consommation, comme l’urine et les déjections, le liquide pré-spermatique (madhy), post-urinaire (wady) ou le sperme (many). Toutes ces choses sont impures.
4- Le pus et la sanie et ce qui coule du corps : le pus c’est la substance épaisse qui sort d’une pustule. La sanie est le liquide fin souvent mélangé avec du sang.
5- Les enivrants parmi les liquides : comme le vin et ce qui est semblable à cela.
Il n’est pas permis de se soigner en recourant à une chose impure en soi en l’introduisant dans le corps tandis qu’on a la liberté de faire autrement, que ça soit par le fait de l’ingurgiter ou de se l’injecter. En cas de nécessité, cela est toutefois permis.
Il est permis d’utiliser une chose qui a été souillée afin d’abreuver le bétail ou d’irriguer les plantations, et tout ce qui peut y être assimilé.
Il existe des choses qu’on ne peut considérer pures ou impures de façon absolue, car cela varie en fonction de leur origine ou de leur état, parmi cela :
- Le lait : le lait d’autres que les êtres humains dépend du statut de la consommation de leur viande. Le lait de la truie est interdit à la consommation, il est donc impur. Le lait des fauves est déconseillé à la consommation, mais il est pur. Le lait de ce dont il est permis de consommer la viande est lui-même licite à la consommation, il est pur. Quant au lait d’êtres humains, il est pur de façon absolue, de leur vivant comme après leur mort, qu’il s’agisse d’un musulman ou d’un mécréant, et ce même s’il est ivre.
- Les œufs : son statut est qu’ils sont purs pour l’ensemble des oiseaux, et même des insectes. Hormis l’œuf pourri : c’est ce qui a été altéré par putréfaction, fécondation, ou parce qu’il est devenu du sang, il est alors impur. Contrairement à l’œuf dont le jaune et le blanc ont été mélangés sans qu’il n’y ait de putréfaction, celui-ci est pur.
Il existe des choses qui, dès lors qu’elles ont été souillées par une impureté, elles ne peuvent être purifiées à cause de l’écoulement de l’impureté et de sa pénétration, comme c’est le cas de la viande cuite avec une impureté, ou l’œuf que l’on a fait bouillir dans une eau impure, ou toute matière solide comme le charbon ou le bois qui s’imprègne de la chose au point qu’elle s’y fixe. Tout cela, même si on les lave, elles ne peuvent être rendues pures.
Maintenant que l’on a pris connaissance des règles qui précèdent, il est nécessaire de savoir que l’impureté est interdite en soi. Il n’est pas permis de l’utiliser pour les affaires humaines ou pour une mosquée. Et que si elle vient altérer l’eau cette dernière devient impure et il n’est pas permis de l’utiliser pour les actes rituels.
Il convient de savoir également que la validité de la prière est conditionnée par la purification de l’impureté (khabath) – c'est-à-dire le fait d’ôter les impuretés –, et ce à trois égards :
1- A l’égard du corps du prieur.
2- A l’égard de ce qu’il porte : cela intègre ses vêtements, ce qu’il y a dans sa poche ou dans son sac par exemple.
3- A l’égard de ce sur quoi il se prosterne : c’est ce avec quoi les membres du corps entrent en contact directement durant la prière, comme les genoux, les pieds, les mains et le front. Si l’impureté est sous le revêtement du sol, ou sous sa poitrine sans que ses membres ne viennent la toucher, alors il n’y a aucun mal à cela.
La première restriction (la conscience) implique : que celui qui prie avec une impureté sans en avoir connaissance en début de prière, ou qui la voit sur son vêtement – par exemple – qu’il est résolu à l’ôter mais il l’oublie jusqu’à ce qu’il ait fini sa prière, sa prière est alors valide. Si ce n’est qu’il lui est recommandé de la refaire tant que son temps n’est pas sorti.
Il en est de même vis-à-vis de la seconde restriction en lien avec la capacité : cela signifie que celui qui a connaissance de la présence de l’impureté, sans oubli aucun, mais qu’il ne peut l’ôter à cause, soit de l’absence d’eau purifiante permettant de l’enlever, soit de la crainte que s’il entreprend de le faire le temps de largesse (ikhtiyârî) de la prière viendrait à sortir, et il n’a pas d’autre vêtement avec lequel se vêtir si ce n’est celui qui est souillé. Il prie dès lors avec le vêtement souillé, et sa prière est également valide. Plus encore, il lui est formellement interdit de retarder la prière en la faisait sortir de son temps.
Ceci est si l’impureté est présente avant d’avoir entamé la prière. S’il entre en prière puis que vient à tomber sur lui une impureté, la prière est nulle dans les situations suivantes :
1- Que l’impureté se maintienne sur lui ou qu’elle laisse une trace.
2- Que le temps restant soit suffisamment large lui permettant d’ôter l’impureté et de refaire la prière.
Synthèse de ce qui précède concernant les éléments purs et impurs
Impur | Pur | ||
Les cadavres | Le cadavre qui « a du sang » | Ce qui « n’a pas de sang », les cadavres marins | |
Déjections et urines | De l’être humain et de ce dont la consommation n’est pas licite | Ce dont la consommation est licite | |
Les enivrants | L’enivrant liquide | L’enivrant solide | |
Le vomi | S’il a été altéré par l’acidité ou similaire | S’il n’a pas été altéré | |
Le sang | Répandu | Non-répandu | |
Le lait | De ce dont la consommation est illicite | De l’être humain, de ce dont la consommation est licite ou déconseillée | |
L’oeuf | Altéré par putréfaction ou sang | Non altéré, même si le jaune et le blanc ont été mélangés |